La barrière cutanée

Le film cutané de surface : le film hydrolipidique

L’Épiderme du cuir chevelu et du reste du corps est recouvert d’un film protecteur appelé Film hydrolipidique. Ce film est issu des produits de la Kératinisation et de la Desquamation, de l’activité sébacée, de la Perspiration et de l’activité sudorale (la transpiration). C’est donc un mélange de cornéocytes, de Sébum, d’eau, de sueur et d’autres éléments. L’acide lactique et l’acide pyruvique provenant de la sueur ainsi que les acides gras provenant du sébum sont responsables de l’acidité du film cutané

Sur le cuir chevelu, ce film s’étale à la base des cheveux et assure leur protection et leur lubrification.

D’une manière générale, sur la peau, le Film hydrolipidique est nécessaire :

  • pour former une barrière contres des substances étrangères;
  • pour lutter contre la désHydratation de la Couche cornée en empêchant la perte d’eau venant de la profondeur et en retenant l’eau de surface;
  • pour assurer l’équilibre de l’Ecosystème cutané en régulant la Microflore cutanée et en agissant contre l’invasion bactérienne et fongique;
  • pour assurer la qualité de confort et de toucher de l’épiderme et notamment, pour assurer la cohésion des cellules du Cuticule.

 

La microflore cutanée: la flore commensale (ou flore résidente)

La Surface cutanée, par ses caractéristiques et notamment son acidité, est naturellement hostile au développement de micro-organismes. Cependant, une certaine Microflore cutanée trouve des conditions favorables à son développement, principalement sur les zones du cuir chevelu et les zones séborrhéiques : cette microflore est constituée d’une population bactérienne et d’une flore fongique qui sont commensales. On l’appelle la flore commensale.

La flore commensale profite tout à la fois du caractère humide de la surface cutanée, d’emplacements favorables (cavités laissées par la Desquamation, canaux des follicules pilo-sébacés), des nutriments tirés du sébum et des débris de la kératinisation pour s’implanter. Le cuir chevelu et le visage qui ont un nombre élevé de glandes sébacées sont propices au développement des micro-organismes de la flore commensale.

Le rôle principal de la flore commensale est d’empêcher le développement d’une flore pathogène (qui provoque des infections) en empêchant l’implantation d’autres micro-organismes que ceux qui la composent.

On distingue trois genres principaux qui composent la flore commensale du cuir chevelu: Micrococci et Propionibacteria qui sont des bactéries (rarement pathogènes, c’est à dire ne provoquant pas d’infection sauf exceptionnellement chez certains sujets), et Malassezia qui est une levure (un champignon unicellulaire). Ces trois composants de la flore commensale ont le point commun d’être dépendant du sébum : ils sont lipophiles, c’est à dire présentant des affinités avec les lipides.

Les levures du genre Malassezia (en référence à Louis-charles Malassez, scientifique français qui est le premier à l’avoir identifié précisément au 19eme siècle) sont lipophiles et presque toutes lipodépendantes (ce qui signifie qu’elles ont besoin de lipides pour leur croissance). La levure Malassezia est le constituant majeur de la flore microbienne de la peau normale chez l’adulte et il colonise la peau dès la naissance.

La composition et la densité de la flore commensale dépendent de nombreux facteurs: l’âge, le sexe, la région du corps, certains traitements (notamment antibiotiques), le climat et l’environnement, l’utilisation de savons qui rendent le ph de la peau plus élevé,…

Le ph

Le ph (potentiel hydrogène) est la mesure de l’acidité d’une solution. L’échelle du ph va de 1 à 14. Un ph neutre est de 7 (c’est celui de l’eau pure à 25°). Une solution avec un ph inférieur à 7 est une solution acide (par exemple, le ph du citron est de 2,3). Avec un ph supérieur à 7, c’est une solution basique (ou encore appelée alcaline).

Toutes les solutions du corps humain ont normalement un ph légèrement acide ou proche de 7.

La couche supérieure de la peau, l’épiderme, et les cheveux ont quand à eux un ph normalement compris entre 5,4 et 5,6. L’acide lactique et l’acide pyruvique provenant de la sueur et les acides gras provenant du sébum sont principalement responsables de l’acidité du film cutané.

Ce niveau de ph est très important pour le maintien en bonne santé de la peau :

  • il permet un bon équilibre de la flore cutanée en favorisant la synthèse et la stabilisation des lipides qui la composent. Notamment, plus le ph est élevé, plus la levure Malassezia ainsi que les enzymes allergènes qu’elle produit se développent;
  • il intervient dans le processus de kératinisation;
  • il prévient le dessèchement cutané.

Il est donc très important de le maintenir à sa valeur physiologique de 5,5 en moyenne.

La barriere cutanée

La peau humaine, qui est pourtant constamment exposée à un large éventail de micro organismes potentiellement infectieux, fait preuve d’une résistance remarquable et n’est donc généralement pas infectée. Il existe donc un mécanisme sophistiqué qui lui permet de résister efficacement aux microbes. Si le film hydrolipidique participe au mécanisme, il n’est pas le seul impliqué. La barrière physique assurée par la couche cornée, notamment du fait de sa régénération permanente par la kératinisation et la desquamation est aussi une composante essentielle de l’effet barrière. Enfin, plus récemment mis en évidence, un système de défense chimique qui repose sur la production de protéines antimicrobiennes (les PAM) joue lui aussi un rôle prépondérant. Les PAM exercent une activité antimicrobienne contre les bactéries, les champignons et les virus. Sur la peau saine, elles sont produites en permanence par les kératinocytes. Sur la peau enflammée, elles sont produites en plus grande quantité.